Dimanche dernier à l'occasion d'une balade avec un copain et mon fidèle tangodeux (cf avatar) je me suis rendu compte que j'avais une désagréable tendance à faire des atterros pas très beaux.
Je quittai le terrain un peu froissé d'avoir perdu ce coup de main que je pensais avair auparavant (mais était-ce peut-être de la chance uniquement) et qui me permettait (ou est-ce que je l'avais uniquement cru) de faire des atterros corrects presque à tous les coups.
Mon dernier vol sur Tangodeux remontait à 1 mois 1/2, juste avant les vacances. Il est vrai que les derniers mois, j'avais fait quelques infidélités à Tangodeux: j'avais fait plusieurs navs en décendouse, en esseffvintouite, et pas mal d'heures sur ces machines.
Même si ces deux fort respectables machines sont elles aussi des trains classiques, on peut dire objectivement que les poser est moins difficile (à mon goût, tout au moins) qu'un péadizneuf.
Peut-être donc que j'avais perdu le fluide magique, ou que cette vieille canaille de Tangodeux me faisait la tête, allez savoir.
J'ai décidé de ne pas rester sur un échec. Cet après-midi, en sortant du boulot, je pris la direction du terrain.
Je m'approchai de ma monture en lui disant des mots doux. Après une bonne prévol bien fignolée, roulage, toutes portes ouvertes avec l'hélice pour me rafraîchir. Décollage de la dure. Montée franche à 1.000 ft/min (seul à bord, juste 2 heures de coco) puis intégration du circuit et 1° TDP sur l'herbe. Mouais, un peu haut à l'arrondi, => léger rebond. Deuxième, pas complètement mauvais mais pas génial non plus. Troisième, toujours pas catastrophique, mais pas non plus ce que je voulais. Il continuait à me faire la tête, où je continuais à ne pas le comprendre.
Salsifi, dis-je, et j'annonçai derechef au contrôleur que j'allais quitter le circouit. Je me rendis dans un endroit tranquille pour refaire connaissance avec le Tangodeux. Un Tangodeux, ça se mérite, et ça se respecte. Du haut de ses 53 ans (année 1954) il envoit c...r les petits présomptueux de mon genre qui entendent lui apprendre à faire la grimace.
Je commençai donc à faire des 360° à 30 ° par la droite, puis par la gauche. Bon, à peu pres OK. Puis des 45 °, un peu corsés par le fait que les nuages à quelques milliers de ft au-dessus de moi voulaient m'attirer à eux. Puis encore un peu plus d'inclinaison (mais pas trop quand même) juste pour me sentir un peu tassé sur le siège. Tiens, ça allait un peu mieux. Puis des virages alternés en montée et en descente. Un vrai plaisir que de virer avec cette machine en coordonnant la main et le pied, avec la bille bien au milieux. Puis un peu de vol lent à 1.500 tr/min stabilisé, avec la bille bien au milieu et pas plus de 10° d'inclinaison. Ah, ouais, on commençait à mieux se comprendre...
De retour sur le terrain avec un toucher de qualité moyenne sur l'herbe, puis la consécration: une PTU bien ajustée, même pas trop haut en finale, une jolie finale sans moteur avec la vitesse qui va bien, une décélération juste à la hauteur qui va bien, un arrondi comme y faut sans osciller comme une balle de ping-pong, le repère capot sur l'horizon et un kiss-landing en récompense. Le Tangodeu et moi on était de nouveau copains et j'espère qu'on va le rester très longtemps. Après un taxiage bien sur la ligne jaune, je lui offris un petit coup d'éponge pour le remercier.
C'est ça qui est dur et beau en aviation: c'est pas parceque tu as su (ou que tu as cru savoir) que tu sais encore. Tout se travaille, tout se mérite si on veut bien faire, et on ne peut pas se cacher derrière des excuses fumantes.
PC